Changements Climatiques au Maroc
contribution du Royaume du Maroc pour lutter contre le changement climatique
Circonstances nationales du Maroc
Situé sur la rive sud de la Méditerranée, et à la fois aux portes de l’Europe et au nord du continent africain, le Maroc est depuis toujours un carrefour de civilisations. Au cours des dernières décennies, le Maroc a connu un développement économique et démographique très important dans un contexte de changement climatique qui affecte tous les secteurs. Par exemple, la pression sur les ressources naturelles s’est accentuée en conséquence, affectant la résilience des écosystèmes forestiers et du secteur agricole, notamment en raison de la raréfaction des ressources en eau, dont la disponibilité par habitant était plus de trois fois plus importante en 1960 (environ 2600 m3/an/habitant) qu’aujourd’hui (environ 700 m3/an/habitant).
Conscient de cette situation, le Maroc s’est engagé dans une démarche volontaire et sérieuse de lutte contre le réchauffement climatique, en dessinant progressivement les contours de sa propre vision tout en se conformant aux décisions prises collectivement à l’échelle internationale.
La vision du Maroc en matière de changement climatique
"Rendre son territoire et sa civilisation plus résilients face au changement climatique tout en assurant une transition rapide vers une économie sobre en carbone”
Contribution du Maroc en matière d’atténuation
Pour la réalisation de la contribution du Maroc, un large processus de concertation avec les parties prenantes a été engagé. Ce processus a permis de passer en revue les politiques et programmes mis en place par le Maroc pour lutter contre le réchauffement climatique et de définir le niveau d’ambition que le Maroc souhaite adopter dans le cadre de son INDC aussi bien dans le domaine d’atténuation que de l’adaptation.
Objectifs en matière d'atténuation
Objectif inconditionnel
Une réduction de 17 % des émissions de GES en 2030 par rapport aux émissions projetées à la même année selon le scénario CNA, dont 4 % sont réalisés grâce aux activités des secteurs de l’AFAT. En excluant les activités de l’AFAT, l’objectif de réduction est donc de 13 %.
Objectif conditionnel
Une réduction additionnelle de 25 % réalisable à certaines conditions, ce qui porterait à 42 % la réduction totale des émissions de GES en 2030 par rapport aux émissions projetées à la même année selon le scénario CNA, en comptabilisant les activités de l’AFAT. En excluant les activités de l’AFAT, la réduction additionnelle serait de 21 %, ce qui porterait l’objectif conditionnel à 34 %.

Trajectoire escomptée
À titre indicatif et seulement pour des fins de planification, le Maroc prévoit que les trajectoires des émissions pour réaliser les objectifs annoncés seront celles présentées en Figure 1.
Besoins financiers et conditions
L’atteinte de l’objectif global de 42 % nécessite un investissement estimé à environ 50 milliards USD entre 2010 et 2030. L’atteinte de la portion conditionnelle de cet objectif, dont l’investissement est estimé à 24 milliards USD, est conditionnée par l’accès à de nouvelles sources de financement et un appui additionnel, par rapport à celui reçu au cours des dernières années.
Hypothèse et approches méthodologiques
Type d’objectif
Réduction des émissions par rapport aux émissions projetées pour l’année 2030, selon un scénario CNA.
Gaz couverts
Dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et protoxyde d’azote (N2O)
Les gaz fluorés ne sont pas couverts; ils sont très peu utilisés au Maroc et leurs émissions sont donc marginales
Scénario « cours normal des affaires » (CNA)
Projection des émissions de GES à l’horizon 2030, commençant en 2010, première année de mise en œuvre du Plan National de Lutte contre le Réchauffement Climatique. La projection ne prend donc pas en compte les mesures et les actions d’atténuation adoptées à partir de 2010.
Couverture
Économie dans son ensemble
Secteurs couverts
Production d’électricité
Secteur du bâtiment (résidentiel et tertiaire)
Secteur agricole l Secteur industriel l Secteur du transport
Secteur des déchets l Secteur forestier
Potentiel de réchauffement global (PRG)
Les valeurs de PRG utilisées sont celles déterminées par le Groupe Intergouvernemental des Experts sur le Climat (GIEC), selon la Décision 17/CP.8 de la CCNUCC, pour la préparation des inventaires nationaux d’émissions :
PRG CO2= 1 (par convention) l PRG CH4= 21 l PRG N2O = 310.
Scénarios d’atténuation
Projections des émissions des GES à l’horizon 2030, commençant en 2010. Le scénario d’atténuation inconditionnel repose sur la mise en œuvre de 24 actions, dont 9 sont des actions de l’AFAT. Le scénario conditionnel pose l’hypothèse de la mise en œuvre de 31 actions supplémentaires sur la période 2010-2030, dont 11 sont des actions de l’AFAT. En parallèle, une projection des émissions des GES à l’horizon 2030 prenant en compte l’élimination des subventions publiques aux combustibles fossiles a également été réalisée de façon à évaluer les gains additionnels potentiels en matière de GES provenant de ces réformes.
La vision du Maroc face aux risques d’impacts du changement climatique
Le Maroc met en œuvre une approche sectorielle, adaptée aux circonstances et aux spécificités des entités territoriales : les zones de montagne, le littoral, les oasis, les zones agricoles (dont les zones agricoles désertifiées) et les zones urbaines. Les objectifs finaux du Maroc face au changement du climat, qui trouvent également un écho auprès de la communauté internationale, se traduisent concrètement par :
La protection des populations, à travers une approche préventive de gestion des risques, liés à l’exode rural et ses conséquences socioéconomiques, notamment dans les zones les plus menacées (le littoral, les zones de montagnes, les zones à forte propension de désertification et les oasis), qui s’appuie sur un système d’observation et de recherche pour mieux appréhender les risques climatiques actuels et à venir ;
La protection du patrimoine naturel, de la biodiversité, des forêts et des ressources halieutiques, à travers une approche d’adaptation ancrée dans la protection des écosystèmes. Le Maroc s’engage à restaurer les écosystèmes et à renforcer leur résilience, à lutter contre l’érosion des sols et à prévenir les inondations ;
"Préserver son territoire et sa civilisation de la manière la plus appropriée, en réagissant efficacement aux vulnérabilités de son territoire et en anticipant une politique d’adaptation qui prépare l’ensemble de sa population et de ses acteurs économiques à faire face à ces vulnérabilités."
La protection des systèmes productifs sensibles au changement climatique, comme l’agriculture et le tourisme ainsi que des infrastructures fortement à risque. La ressource en eau étant le principal facteur limitant pour un développement économique et social durable du Maroc, le Royaume a développé sa nouvelle Stratégie Nationale de l’Eau (SNE) et son Plan National de l’Eau (PNE), qui a pour objectifs l’amélioration de la gestion intégrée et concertée des ressources en eau, le développement des ressources en eau non conventionnelles, la préservation de la ressource, la protection contre la pollution, la formation, la recherche scientifique et la sensibilisation autour de ces thématiques ;
La protection du patrimoine immatériel du Royaume, à travers des actions d’éducation et de sensibilisation et des efforts de conservation des bonnes pratiques ancestrales dans des secteurs hautement vulnérables, comme l’eau et l’agriculture.
Des objectifs pour renforcer la résilience
La vision du Maroc en matière d’adaptation se décline en plusieurs objectifs sectoriels chiffrés pour les horizons 2020 et 2030, présentés dans le tableau 3. Bien que le Maroc investisse déjà massivement en adaptation, l’atteinte de ces objectifs ne sera possible qu’avec un appui important de la communauté internationale et des bailleurs de fonds.
Principaux objectifs en matière d’adaptation
Les besoins financiers du Maroc en matière d’adaptation
Les besoins en matière d’adaptation auront des implications budgétaires importantes pour le Maroc. Historiquement, sur la période 2005-2010, le Maroc a consacré 64% des dépenses climatiques du pays à l’adaptation, soit 9% des dépenses d’investissement nationales. La part considérable du budget national d’investissement dédié à l’adaptation démontre l’ampleur des enjeux pour la société marocaine. Et cette part est nécessairement appelée à augmenter. Le Maroc planifie d’investir à minima 15% à 20% des budgets totaux d’investissement du Royaume pour l’adaptation du Maroc face au Changement Climatique.
Dans ce contexte, le Maroc sollicite l’appui de la communauté internationale, qui n’a consacré que 5% du financement climatique à l’adaptation.
Au-delà d’un appui financier, le Maroc compte également pouvoir bénéficier d’un appui en matière de
renforcement des capacités techniques et institutionnelles, notamment en ce qui concerne la création de données et le partage des connaissances, ainsi que les aspects juridique, financier et d’ingénierie pour la conception et la mise en œuvre de projets à l’échelle régionale et locale.
Un plan d’investissement vert a été élaboré qui présente, de manière non exclusive, une trentaine de projets à réaliser dans les secteurs eau, énergie, forêt, agriculture, villes, transport et déchets et dont la réalisation nécessite un investissement global de 38 Milliards de dollars sur 15 ans.